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Jouer avec le rythme dans l'exercice de la diction

broudhippolyte

Dernière mise à jour : 22 janv. 2024




L’état émotionnel du diseur, ses intentions, se manifestent à travers le rythme.


En Grec ancien, ῥυθμός signifie « écoulement ». Cette étymologie me porte à considérer que « rythmer », pour le comédien ou le diseur, revient à trouver un jeu dans sa manière d’égrainer les gestes, les silences et les mots. C’est un jeu d’un plaisir rare ; et j’ai le sentiment qu’il ne se tarit jamais. Mais ῥυθμός signifie également « le mouvement réglé et mesuré ». En effet, le rythme permet de trouver la stabilité nécessaire pour se jeter dans l’inconnu du moment présent. Il crée chez le diseur une sorte de métronome intérieur, d'équilibre, qui demande à être brisé par un acte imprévu et spontané.


Le rythme c’est aussi l’énergie du corps : on le retrouve dans sa façon de marcher, de sauter, de courir, de parler et d’écrire. Les rythmes de la parole se découvrent à travers une approche physique du language qui implique des actions répétées à une cadence régulière : un battement, un claquement de doigt, un hochement de têtes qui s’étendent sur la même durée et la même intervalle. C’est lorsque nous laissons cette temporalité nouvelle s’imposer à nous que les rythmes structurent notre parole et nous permettent d’amener l’auditoire vers un ailleurs qui nous dépasse. L’espace de la parole que nous initions devient alors plus horizontal. Nous ne sommes plus là pour imposer nos choix à l’auditoire mais pour partager avec lui la fulgurance de nos reflexions. Nous sommes alors plus à même de convaincre.


Le rythme se puise aussi dans la syntaxe. Le rythme issus de la structure grammaticale permet au diseur de déployer sa pensée librement ; de passer par des détours, des circonvolutions, des arborescences, au gré de sa fantaisie et de son goût de la nuance. Le rythme issu de la composition de la phrase favorise l’expression de la singularité d’un diseur. Par exemple, dans le vers « Au doux bruit de la pluie », Verlaine choisit sciemment de n’utiliser que des mot d’une durée brève- un temps- de façon à nous faire goûter, par l’écoulement sonore de la phrase même, la sensation de la pluie qui s’écrase sur le sol.



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