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Les vertus du chant dans la pratique de la voix parlée 

broudhippolyte



Chanter le texte écrit m’incite à me laisser porter par les composantes sensibles du langage et à faire corps avec celles-ci. Je chante, puis je parle, alternativement, jusqu’à trouver un équilibre physique, respiratoire et musicale qui me satisfasse dans ma voix parlée. 


Cet équilibre, je l’entends chez les autres, au détours d’une inflexion inattendue, d’une rupture de rythme, de ton ou d’intensité. Je l’épie avec une certaine excitation car il me semble être l’essence de ce que l’on appelle couramment « la signature vocale » : les instants où le diseur réagit spontanément aux structures du langage et donne à son discours une dimension plus lumineuse que celle du parlé quotidien. 


Car chanter est une activité éminemment agréable et libératrice qui n’est pas sans rappeler les jeux de l’enfance. Comme lorsque l’on joue à chat, l’engagement ludique dans la langue implique, de la part du diseur, une attention soutenue, suspendue, qui donne à sa parole une intensité et une temporalité particulière. Il devient l’ami du présent qui passe.


Le chant implique aussi un engagement respiratoire souvent supérieur à celui que nous pratiquons dans la vie de tous les jours. Passer par la voix chantée force le diseur à s’accorder à cette densité respiratoire nécessaire pour donner du poids à sa parole. 


Enfin, chanter la phrase écrite permet de divertir son attention  au bon endroit , sur un rythme et une mélodie extérieurs, de manière à laisser le verbe se déployer librement. Trop souvent, les diseurs empèsent le discours en imposant leur intensions à l’intérieur même de flux respiratoire contenu dans la phrase. Si eux respirent, ils empêchent le texte de respirer. 


C’est dans la pratique du parlé/chanté qu’ils découvriront l’espace qui leur permettra d’accorder leur respiration avec celle de la langue des auteurs, établissant ainsi un dialogue entre leurs deux paroles. 

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