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Réflexions autour de la lecture à voix haute

Hippolyte Broud

Dernière mise à jour : 29 nov. 2023


Lorsque j’écoute une lecture à voix haute, je ne cherche pas à trouver une connection intime avec le texte mais avec les voix de ceux qui lisent.

La pratique du texte est une chose intime, physique, qui implique un corps à corps avec la page imprimée. L’écoute de la lecture à voix haute est d’une autre nature : elle nous permet de percevoir d’autres résonances intimes du texte, à des temps et dans des lieux différents.

Ecouter le texte lu, c’est developper une relation à deux autour d’un object commun. La lecture, c’est une confrontation entre deux sujets : le lecteur et le texte.

La lecture à voix haute rend le texte moins humain pour l’auditeur, car l’humanité réside dès lors dans l’acte de lecture.

Le diseur est un voleur. Il prend l’humanité du texte à son compte et il ne la partage pas. Il entretient avec le texte une relation similaire à celle que les écrivains entretiennent avec le réel.

Le diseur nous fait prendre conscience que le geste originaire de la création n’est jamais de nature fondamentalement différente, quel que soit l’art qu’on pratique.

Le livre nous permet de nous plonger dans la littérature, la lecture à voix haute nous permet de nous plonger dans l’intimité de la voix tout en développant un rapport au texte plus distancé.

Ecouter une voix qui se déploie sur les rythmes, les sons, la cadence et les images d’un texte, c’est accéder à une autre dimension de ce texte, une dimension qui, sans la voix de l’autre ne nous est pas accessible.



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